Visages de Papeete...

6 décembre 2009

Hier, petite balade à Papeete avec les enfants et séances de cinéma. Nous passons chez Brigitte pour qu'Emma ma fille et Colombe, la sienne, aillent ensemble voir "2012" tandis que Nans et moi, choisissons les "zintrus" film indigent s'il en est, et oublié sitôt vu !... Mais Nans a bien rigolé, c'est l'essentiel. En attendant le ferry du retour, j'ai pris ces quelques clichés des gens autour de moi...

VISAGES

À l'arrivée à Mooréa, vers 18h, la petite dame avec ses deux jeunes enfants (en haut à droite) semblait attendre quelqu'un sur le bord de la route. Comme je l'avais trouvée touchante et tendre et que je l'avais prise en photo, je lui ai demandé comment elle rentrait chez elle... Elle m'a dit qu'elle attendait le bus. Mais à cette heure là, le bus semblait aussi invisible qu'absent. Alors, je lui ai proposé de la ramener, à 40 kms de là.... Elle me tordait le coeur, seule avec ses petits si jeunes dans le soir qui tombait. Et c'est comme ça que j'ai appris, en cours de route, qu'elle était cueilleuse de boutons de tiaré, dans une plantation. Qu'elle était payée 250 frs (2,10 €) le kilo et qu'elle ramassait en moyenne, 10 à 11 kgs par jours, 4 jours par semaine. Elle gagnait un "vrai" salaire entre 45 et 48 000 frs par mois (400 €) pour acheter du maa (à manger) à ses enfants. Elle parlait avec modestie d'elle, de sa chance de travailler à Mooréa - ou elle retape une petite maison "pour ses enfants" de 5 et 2 ans - et de gagner décemment sa vie, afin de les élever seule. Le papa, métissé martiniquais/chinois, vit à Tahiti et les prend parfois en WE...

J'ai regardé sur le net combien ça vaut le tiaré. 60 boutons se vendent en moyenne 8,40 euros !.... Et 60 boutons, ça ne pèse pas bien lourd, quelques grammes peut-être !... Ma fille qui venait de se faire offrir pour Noël une salopette à 8000 frs, est un peu redescendue de son nuage d'enfant gâtée... Elle a réalisé que sa salopette, pour cette femme, c'est une semaine de boulot !... L'autre côté du miroir de la Polynésie !... Bouton_de_tiare

Décembre est le mois où l'on rend hommage au tiare, la fleur symbole du pays. Ainsi, du 4 au 8 décembre, on célèbrera avec entrain le mythe du tiare. Magasins, boutiques et autres bureaux des îles vont arborer des décorations à base de tiare pour briller de mille feux et surtout, pour embaumer l'atmosphère de mille senteurs. Car le tiare, même s'il frise la perfection dans ses formes et ses couleurs épurées, reste avant tout une odeur, un parfum... uniques au monde ! A la base, me mot «tiare» utilisé seul signifie «fleur». Mais quelle fleur ? Toutes les fleurs ! Il faut y rajouter l'attribut «Tahiti» ou comme dans le temps, «ma'ohi», pour désigner cette fleur blanche, si délicate, qui est devenu, à juste titre l'emblème de nos îles. Le "gardenia tahitensis", son nom scientifique, est une fleur endémique à la Polynésie comprenant de cinq à neuf pétales d'un blanc laiteux très pur, disposés en étoile. Les fleurs de tiare, sauvages ou cultivées, poussent sur de petits arbustes qui ne dépassent pas 4 à 5 m de haut et dont les branches sont très fragiles. Ils se reproduisent par bouturage. Les plantations de tiare se rencontrent un peu partout à travers les îles, dans des sols très disparates. Plus le sol est sec, plus parfumées seront les fleurs. Autrement dit, le tiare Tahiti est LA fleur des îles, résistante à un ensoleillement total et à une aridité extrême, intarissable, tout au long de l'année, malgré une fragilité reconnue par tous. Grandement utilisée dans un nombre incalculable de «remèdes», dont le fameux monoï est l'une des applications modernes, la fleur de tiare est totalement dépourvue de toxicité. C'est pourquoi on l'utilise encore beaucoup aujourd'hui, infusée ou simplement macérée dans de l'eau tiède pour soulager piqûres de moustiques, maux de tête ou d'oreilles, et tant d'autres «bobos» de la vie quotidienne. Son efficacité réelle ne fait aucun doute dans toutes les îles. Quant à sa gamme de parfums, elle est exceptionnelle ! Les meilleurs «nez» ont découvert que le tiare possédait un bouquet très complexe, où miel, chocolat et cannelle se renforcent de notes épicées, parfois vertes ou terreuses, parfois «pierre à fusil», et tant d'autres dérivés poivrés, soit au total plus de 80 constituants aromatiques propres ! On cueille les boutons de tiare tôt le matin au stade «uua», juste avant que la fleur n'éclose. Les fleurs fermées sont réunies en «paquets» de 20 à 40 boutons, enveloppés dans une grande feuille de «ti» qui saura préserver l'humidité idéale pour les conserver entre 4 à 6 jours... pour le plus grand bonheur de tous (nda : ???)....